C’est lors d’un voyage au Portugal que Maria note une similitude esthétique et spirituelle entre le fado et le genre emblématique de l’Equateur : le pasillo. En effet, les deux styles s’interprètent dans un format acoustique comprenant la voix, une guitare d’accompagnement et une guitare soliste dialoguant avec le chanteur (la guitare portugaise dans le fado et le requinto pour le pasillo) et sont emprunts de drame et de nostalgie, leur poésie nous contant les amours et la vie quotidienne de leur peuple.
En 2011, alors qu’elle prépare l’enregistrement de son album Nocturnal, Maria et Donald travaillent sur un arrangement du pasillo « Esta pena mía », mêlant l’essence du pasillo avec celle du fado. En lieu et place de la guitare portugaise ou du requinto, c’est ici le cavaquinho qui tient le rôle de guitare soliste.
Il faut attendre 2013 et la rencontre de Maria avec la chanteuse portugaise Rita Maria, pour voir se concrétiser la première interprétation en duo fusionnant les deux genres musicaux, avec un arrangement du pasillo « Ojos Tentadores » de Carlos Brito, dans une métrique a 2/4 typique du fado et une partie de la poésie traduite en portugais:
Les deux chanteuses se retrouvent en 2018 et c’est cette fois-ci en quartet avec Donald Régnier (bouzouki, cavaquinho) et Horacio Valdivieso (guitare nylon) qu’elles interprètent un fado et un pasillo, ouvrant les frontières culturelles entre les deux pays.
En 2016, dans les loges du Pobre Diablo (club de jazz emblématique de Quito) où Maria, Donald et Horacio viennent de terminer leur concert, l’idée d’enregistrer un disque autour de ce répertoire est lancée. Quelques tangos argentins interprétés ce soir-là trouveront leur place sur le disque qui sera arrangé, enregistré et mixé en trois semaines.
Le trio se produira sur de nombreuses scènes en Equateur dans les années qui suivent, avec notamment une session au Domo de Tumbaco:
Avec le retour de Maria en Europe en 2021, une réunion avec Rita autour d’un projet discographique est en gestation.